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Le voyage de Gilliver
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Nous arrivons dans le petit port de Saint-Brutus
où les chalutiers se reposent à l'abri de la houle. Tout
est calme au point que l'on croierait le lieu déserté
de ses âmes.
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Sirius, en bon connaisseur des lieux, noux
emmène vers la vieille église, encore entretenue par un étrange
bonhomme, Peaudours, qui se consacre surtout à tailler les plantes
du cloître.
Le vieil homme nous raconte qu'il connaît
mieux que personne cet endroit aux mille recoins et totalement démesuré
si l'on considère que l'île n'est habitée que par quelques
cinquante trois âmes, pour la plupart pêcheurs de leur état.
L'ambiance des petites rues bardées du rouge
des pierres locales donne à croire que nous nous sommes perdus dans
une ville médiévale. "Si les ruelles sont si étroites,
c'est pour éviter que le vent ne s'y engouffre", nous explique
Sirius, les mains dans le dos. Il est vrai que l'île enregistre les
vents les plus violents de côté-ci de l'Atlantique, au point
que les arbres ont du mal à pousser droit. Notre accompagnateur nous
explique que certains pêcheurs ont essayé de se reconvertir
dans l'élevage d'ovins. |

Mais
aucun d'entre eux n'a pas pu garder cette activité car dans les
champs où elles paissaient, les pauvres bêtes n'arrivaient
pas à tenir debout.
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Le château de Blackmore, lui, est déserté depuis un
siècle, mais tout ici donne l'impression de vivre, même si
on ne croise personne, aucun touriste de basse saison. Il semble encore
habité par on ne sait quel comte mystérieux. Sirius nous
dit qu'une légende dit qu'il serait hanté par son dernier
propriétaire, le duc d'Avignac, ce qui donne à l'étrange
bâtisse une aura encore plus saisissante.
En nous avançant vers le château,
nous découvrons un étrange gardien.
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Un pélican semble nous donner un
avertissement de bienvenue, tant son air renfrogné lui confère
l'allure d'un ogre.
Comme
s'il représentait une véritable, notre hôte n'ose l'approcher
alors que l'équipe, instinctivement, l'ausculte, surpris que nous
sommes de l'étrangeté de la chose. N'insistant pas devant
la soudaine nervosité de Sirius, nous poursuivons notre chemin
en contrebas, pour arriver au seuil d'une chapelle ridiculement sous-dimensonnée.
"C'est ici que sont prononcées les messes, nous dit-il. Elle
paraît vraiment petite par rapport au nombre d'habitants, mais les
gens d'ici sont peu croyants et ne s'intéressent guère aux
choses du ciel. J'en veux pour preuve ceci."
Il nous indique un recoin du bâtiment.
Un cri de surprise nous échappe...
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Nous laissant
dans l'expectative, il nous annonça qu'il était largement
temps de retourner au port si l'on voulait retourner sur le continent
avant demain. Et malgré mes questions incessantes, il me donna
cette seule et unique réponse: "Vous n'avez donc jamais vu
de squelette?"
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SIRIUS GILLIVER
DANS SA MAISON DE VILLE-SUR-EAU.
"RIEN NE ME FAIT
AUTANT DE BIEN QUE DE RESPIRER L'AIR D'ICI. IL ME REND TOUT SIMPLEMENT
VIVANT"
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Assis
sur une chaise de plage bariolée, Sirius Gilliver perd son regard
vers les remous du chenal qui sépare la côte découpée,
aux reflets de pierre rose, de la petite île qui se trouve face
à l'embarcadère. Lui sur la commune de Ville-sur-eau,
son regard sur l'île Saint-Brutus, les deux terres se sont déjà
rejointes. "Quand j'étais tout môme, il y avait encore
des petites vedettes, des rafiots pouvant à peine emmener une
vingtaine de personnes. Et encore, que des gens du coin!", nous
raconte t-il, perdu dans ses rêveries. Nostalgique du temps où
les touristes n'avaient pas encore provoqué le fard surfait des
stations balnéaires de la côte sud, Sirius est un gars
du cru, toujours soucieux du devenir de son petit bout de terre, malgré
sa carrière d'homme d'affaire parti à la capitale pour
s'épanouir professionnellement. "Je reviens toujours ici
le vendredi soir. Je préfère ça aux bruits incongrus
de la ville, dont chaque résonance éloigne de ce à
quoi nous aspirons tous... la tranquilité. --->
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Gardien impérissable des lieux, le vieux
phare de granit préserve encore les aventureux que la côte acérée
n'hésite pas à broyer. Chaque année, une trentaine
de bateaux viennent ici effectuer leur dernière escale.
"La légende veut que Brutus,
un moine venu de l'est, se soit échoué par hasard sur
cette île au Vème siècle. Mais tout le monde sait
qu'il a été expédié ici sans ressources
par les moines de l'abbaye Du Sauveur parce qu'il a pêché
avec une femme de La Butte." --->
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